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DE HENRI III. [i574] 103
Le mardi 14, messe solemnelle et Te Deum en l'église de Nostre Dame, feux de joye devant l'hostel de ville et dans toutes les rues, avec les autres marques d'allégresse, pour l'heureux retour du Roy en son royaume.
Le samedi 18, madame Marguerite de France 00, duchesse de Savoye, mourut à Turin, au grand regret du duc et de tous les gens de bien; entre ses perfections , elle étoit tellement craignant Dieu et rêve tue d'une si heroique charité, que s'etans quelquesfois rencontrés des gentilshommes françois, qui, se trouvans en necessité, la faisoient prier de leur vouloir prester de l'argent, non seulement leiu en donnoit plus qu'ils ne demandoient, mais les consoloit et leur recomman-doit la crainte de Dieu, leur faisoit bonne chere; et en les renvoyant, leur disoit : «Je vous donne de bon « cœur ce que vous m'avez demandé à prester; car je « suis fille de roys si grands et si libéraux, qu'ils m'ont « appris, non à prester, mais à donner libéralement.»
Le ao septembre, la ville de Fontenay en Poictou, tenue par les huguenots, fut surprise en parlementant (a), ou le meurtre, le sac et le forcement de filles ct femmes rendit cette pauvre ville désolée. Du Moulin, ministre docte, y fut pendu (3).
En ce tems, la Vie de la Reine mere imprimée, qu'on a depuis vulgairement appelée la Vie de sainte Caterine, couroit partout. La Reine même se la fit bre, riant à gorge déployée, et disant que si on lui en eut communiqué
(-) Marguerite de France : cette princesse étoit fille du roi François 1. — (*) Fut surprise en parlementant : ce fut Louis de Bourbon , duc de Montpensier, qui l'attaqua et s'en rendit maître. — (-) Du Moulin, ministre, y fut pendu : Montpensier le fit pendre , dit-on , pour venger la mort du père Babelot, cordelier, son confesseur, que les protestant avoient fait mourir dans les guerres précédentes.
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